Le principe des articles de "pourquoi j'écris": un extrait de texte en italiques, un commentaire personnel ensuite, des liens (en bleu quand ils n'ont pas été utilisés, en gris ensuite) - et la couverture du livre, quand il s'agit d'un livre (le cas le plus fréquent), ou une illustration.
A la base: l'éclectisme, revendiqué.
Du moment qu'il s'agit d'écriture - de préférence de manière métaphorique, voire subliminale...
Associés à cette chronique, deux blogs annexes: "blogorrhée", pour pouvoir parler en sortant du cadre - éventuellement; et "mes textes", au cas où. On y accède par la bande horizontale du haut (même page) ou par le sommaire, à droite (nouvelle page).
Merci de votre visite et bonne lecture!

lundi 27 septembre 2010

Attendant le lecteur de nos rêves

J'ai fini par comprendre que ceux qui écrivent font peur à ceux dont ils attendent les paroles, alors qu'ils écrivent pour qu'on leur parle et qu'on leur explique ce qu'ils ont dit. Il y avait aussi: Vous exprimez si bien ce que je pense. Ah! Que pensez-vous? Mais voyons, ce que vous dites! On n'en sort pas. Moi, l'auteur, qui me dira ce que je pense? J'ai dit ce que je savais: et le reste? tout ce que j'ai mis dans mes livres et dont je ne sais rien, cette attente obscure d'une parole révélatrice qui me parlerait de moi en termes que je ne reconnaîtrais pas? 
(...)
La vérité est que moi aussi il a dû m'arriver de ne pas lire le livre que l'auteur croyait avoir écrit. Cela ne console pas. Et lui n'eût pas été consolé que je n'eusse pas lu le sien par le fait qu'il n'avait pas lu le mien. Nous allons sans doute tous attendant le lecteur de nos rêves, celui qui sentira toutes intentions que nous savions avoir eues, mais surtout, merveille! les autres, les belles choses dont nous n'étions pas conscients, qui sont venues d'elles-mêmes, elles passaient par là, elles ont mis le bout du nez entre les pages, se sont dit: Tiens! voilà un endroit où je m'arrêterais bien! je sens que j'y aurai ma place. 


Belle idée que celle de laisser la parole à l'auteur... ce qui est fait à plusieurs reprises dans ce petit recueil, et de manière très différente d'une nouvelle à l'autre. D'Eve à Jenny, en passant par Hortense et la vieille dame, les héroïnes entretiennent toutes avec Jacqueline Harpman une relation privilégiée dont elles ont conscience à des degrés divers et ce d'autant que la relation se vit à des niveaux de réalité différents. L'adresse directe, qu'elle se fasse du personnage à l'auteur ou dans l'autre sens, crée la surprise chez le lecteur, qui se voit lui aussi pris à parti à l'occasion. Et si, malheureusement, il n'est pas certain d'être le lecteur rêvé de Jacqueline Harpman, il n'en éprouve pas moins de plaisir à tourner les pages! 

"La vielle dame et moi"
Espace nord, 2005 

1 commentaire:

  1. eh bien, je suis sans doute une des lectrices que l'on attend. Je vais me contenter de lire ,donc. merci

    RépondreSupprimer

Ecrire, pourquoi pas? Et si vous commenciez par écrire ici...? Vous pouvez dire ce que vous pensez du livre si vous l'avez lu, ou bien de l'extrait cité... C'est à vous!

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...