Le principe des articles de "pourquoi j'écris": un extrait de texte en italiques, un commentaire personnel ensuite, des liens (en bleu quand ils n'ont pas été utilisés, en gris ensuite) - et la couverture du livre, quand il s'agit d'un livre (le cas le plus fréquent), ou une illustration.
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samedi 23 janvier 2010

Doubler le monde

Sage, le serai-je jamais? La peur de la mort m'empêche de profiter de la vie. C'est elle qui m'agite, qui m'entraîne de la cuisine au puzzle, au livre, à mon bureau... C'est elle qui m'oblige à doubler le monde par les mots, comme par sûreté, pour éviter les déchirures, les trous qui le détisseraient.


L'écriture pour ravauder le monde... l'une des motivations de l'écrivain, s'il faut en croire la narratrice de La doublure, la courte nouvelle qui clôt le recueil de Marie Larrey - est-on si loin de ce que nous dit le titre de l'article précédent...?

Le plus souvent, les étés de Marie Larrey sont des saisons cruelles. Il y fait chaud, les amours s'y dénouent, les enfants perdent leurs dernières illusions ou se débattent dans la gangue que tissent autour de leur vie les problèmes des adultes... Ces mêmes adultes qui, eux, croient trouver à l'enfance, quand le souvenir leur en revient, un goût poétique de paradis perdu...
L'auteur a gagné avec ce recueil de quinze nouvelles douces-amères le prix Prométhée de la nouvelle, décerné à un premier recueil. Le titre donné au livre n'est pas celui de l'une des nouvelles, il les traverse. On ne nous dit pas s'il fait référence au poème d'Alain Fournier, au ton rêveur et délicieusement désuet, dont la petite musique n'est pas totalement étrangère à l'écriture de certaines des nouvelles. De même, le tableau de la couverture, celui de cette femme entravée dans ses mouvements qui pour autant n'en refuse pas moins de rester immobile, illustre-t-il parfaitement la situation de certaines des héroïnes du recueil.

La motivation à l'écriture que formule la narratrice de la nouvelle citée n'a rien à voir avec l'exposé qui nous est fait au tout début de la préface du livre, joliment intitulée La littérature du grain de sel. Régine Détambel, qui a rédigé cette intéressante introduction au recueil, démarre en citant George Orwell, qui relevait
quatre motifs principaux, à des degrés divers, chez tout écrivain:
- la volonté d'attirer l'attention sur soi;
- l'enthousiasme esthétique, perception de la beauté dans les mots et leur arrangement;
- l'impulsion historique: découvrir des faits vrais et les enregistrer pour la postérité;
- la poursuite d'un but politique au sens large, pour faire aller le monde dans un sens plutôt que dans un autre.
Liste à laquelle la préfacière ajoute, pour l'auteur du recueil, un cinquième point: l'investissement éthique. Et pour nous, lecteurs qui lisons le livre dans l'ordre de numérotation des pages, eh bien, la narratrice qui met le point final au recueil fait encore un ajout: doubler le monde - comme par sûreté...

"La doublure"
A travers les étés
Illustration de la couverture: Andrew Wyeth, 1948

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