Le principe des articles de "pourquoi j'écris": un extrait de texte en italiques, un commentaire personnel ensuite, des liens (en bleu quand ils n'ont pas été utilisés, en gris ensuite) - et la couverture du livre, quand il s'agit d'un livre (le cas le plus fréquent), ou une illustration.
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vendredi 19 juin 2009

Dire tout le goût que je trouve à la vie

Plus tard, j'écrirai un livre qui sera une oeuvre d'art. Je veux dire bien sûr une création, mais ce seront les mêmes choses que je dirai et tout mon progrès, je le crains, sera la forme (...) Si je n'ai pas dit tout le goût que je trouve à la vie, toute l'envie que j'ai de mordre à pleine chair, si ne n'ai pas dit que la mort même et la douleur ne faisaient qu'exaspérer en moi cette ambition de vivre, alors je n'ai rien dit.


Albert Camus, dans une lettre à Jean de Maisonseul, 1937
L'écrivain à sa table de travail, un classicisme "instinctif"
Mériam Korichi, dossier d'accompagnement du texte du roman dans l'édition FolioPlus, 2005


Bien qu'elle ait pour cadre la ville américaine et ne se situe pas dans le même univers que les oeuvres littéraires d'Albert Camus (1913-1960), la peinture d'Edward Hopper (1882-1967) exprime une vision du monde analogue, qui souligne la solitude de l'homme dans le monde moderne. Les personnages de Hopper, raides et sans expression, sont des silhouettes désincarnées, figées dans un décor banal et quotidien du monde moderne, rues de la ville, ou paysages ruraux, stations-service, immeubles déserts, bars ou salles de théâtre, bureaux anonymes. Comme Meursault, le personnage de Camus, ils semblent étrangers au monde, indifférents à ce qui les entourer, et ce sentiment de vide a une portée existentielle universelle.


Dans les quelques pages d'un court article, intitulé "Du tableau au texte, Conference at night" et fourni à la suite du roman "L'étranger" dans l'édition FolioPlus, Anne Verlet recense les éléments communs au roman de Camus et au tableau de Hopper: le manque d'indications sur le ou les personnages à travers ce que l'on voit d'eux dans le tableau ou ce que l'on sait d'eux dans le roman, une position qui évoque la mise en accusation, l'utilisation des couleurs, dans la peinture comme dans le texte...
L'article est intéressant et suggestif et le parallèle ne semble incongru qu'au premier instant: c'est bien le sentiment d'étrangeté qui relie le peintre et l'écrivain et on peut légitimement s'interroger sur les techniques utilisées pour le traduire avec une telle efficacité.

L'étranger
Editions Gallimard, collection FolioPlus, 1942 pour le texte, 2005 pour l'accompagnement pédagogique
Tableau de couverture: Conference at night, Edward Hopper, Wichita Art Museum

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